Otto Dix : Pragerstrass

En 1920, Ottox Dix réalise Pragerstrass (La rue de Prague). C’est une huile sur toile et collages de 101 x 80 cm aujourd’hui conservée à la Galerie der Stadt de Stuttgart. Cette œuvre reflète en partie le courant artistique du dadaïsme avec le procédé du collage qui a systématiquement été utilisé par les dadaïstes. En même temps, elle se rapproche du courant expressionniste auquel le peintre est principalement associé, car il ne cherche pas à montrer le monde tel qu’il est, mais à l’exprimer. Pour cela, il n’hésite pas à aller jusqu’à la distorsion des traits.

Otto-Dix-Pragerstrasse

Description de l’œuvre

otto dix peint pragerstrass pour exprimer comment il voit la rue de Prague dans les années 20, tout juste après la Première Guerre mondiale. Pour cela, il divise la scène en trois plans. Au premier plan, l’artiste présente un homme infirme et hautain, relativement embourgeoisé (chapeau melon) et décoré de la croix de guerre. Mais il n’est pas suffisamment riche pour acquérir des prothèses, car il se déplace sur une planche à roulettes et roule sur une brochure sur laquelle est écrit « Juden Raus » (dehors les juifs). Près de la brochure, on aperçoit une main de bois élégamment posée sur une canne. Puis, derrière l’homme mutilé, il y a le postérieur d’une femme vêtue d’une longue robe saumon et portant des chaussures à hauts talons.

Au deuxième plan, on aperçoit un vieux moustachu et barbu au regard vide également infirme, car son corps est complètement désarticulé et armé de prothèses de fortune. Vêtu de haillons, il fait la manche sur le même trottoir. Sur le même plan, il y a une petite fille sans chaussures qui marche sur un bout de journal sur lequel est inscrit « iktatur von recht » (dictature de droite).

Au troisième et dernier plan, on peut voir deux vitrines de magasin. Celle de gauche expose des perruques de dames, tandis que celle de droite nous montre un mannequin en prothèses. Au milieu des deux vitrines, le peintre a représenté un mur et y a inscrit « Dumm » (stupide).

 

Analyse

Dans cette œuvre, on remarque surtout des hommes mutilés et défigurés portant des prothèses mécaniques, tous d’anciens soldats de la guerre. Certains deviennent des mendiants, d’autres affichent avec fierté leurs blessures et leurs cicatrices pour prouver leur bravoure guerrière. Dans tous les cas, la guerre et la crise économique de 1918-1923 ont laissé de nombreuses séquelles sur les hommes. Les anciens soldats, la petite bourgeoisie ainsi que les enfants ont souffert physiquement et psychologiquement.

En même temps, ces événements n’ont fait que diviser l’humanité, car on remarque l’absence de solidarité et de fraternité dans cette œuvre (l’air hautain et relativement embourgeoisé de l’infirme, femme qui passe rapidement avec ses talons hauts). Chacun ignore l’autre et n’a plus de respect pour la personne humaine.

Enfin, les inscriptions du peintre font allusion à l’antisémitisme (Juden raus ! – « Dehors les Juifs ») où les Juifs sont responsables de tous les maux de l’Allemagne selon l’extrême droite (iktatur von recht  – « dictature de droite »). Elles montrent également l’absurdité de ce monde (Dumm – « stupide »).

 

Conclusion

En résumé, otto dix a peint pragerstrass pour exprimer le bilan qu’il dresse de la guerre (la Première Guerre Mondiale). Pour lui, le monde est devenu absurde et démuni de toute humanité et de fraternité. Le conflit a laissé derrière lui des hommes qui souffrent et qui vivent dans un avenir inquiétant (dictature, extrême droite, antisémitisme). En plus d’avoir entrainé une crise politique, il a également fait naitre une crise sociale reflétée à travers le contraste bourgeois/mendiant.

 

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